Читать книгу Histoire de Pascal Paoli. La dernière guerre de l'indépendance (1755-1807) онлайн

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» les intentions de mon maitre. Son amour ne fait aucune

» distinction entre vous et les Français d’outre-mer. Je ne

» doute pas que vous ne vous rendiez dignes, par votre fi-

» délité, de l’honneur et du bienfait de cette franche adop-

» tion.»

C’est ainsi que cet habile général disposait insensiblement les esprits les plus rebelles à la domination française. Rien n’était plus propre à les rallier sous le drapeau des lys, et c’était devant ses actes, plus encore que devant ses paroles, qu’ils déposaient entièrement cette défiance haineuse, obstacle permanent à la fusion des intérêts, et germe vivace de révoltes ultérieures. Toutefois, cet exemple de modération et de prudence, qu’il laissait à ses successeurs comme une excellente règle de conduite et une garantie de bonne intelligence entre les indigènes et les Français, fut complètement oublié par les uns, ou peu suivi par les autres. Il en résulta que l’on sévissait quand il fallait pardonner, et que l’on pardonnait quand il fallait sévir. Il y a des fautes qu’il est toujours prudent de dissimuler, parce qu’elles trouvent leur excuse dans les malheurs des temps, la puissance des préjugés, ou l’entraînement de l’opinion. Eh bien! c’était précisément contre celles-là que l’on déployait l’appareil de la force et la rigueur des cours prévôtales. Au lieu de s’en prendre à la maladresse des autorités, on n’accusait du malaise et des mutineries, éclatant de loin en loin dans les communes, que leur sauvage insociabilité. — C’est, du reste, ce que l’on a vu sous le Consulat et les premières années de l’Empire. Ne s’est-il pas rencontré des généraux gouverneurs qui, pour perpétuer leur dictature militaire, ne se lassaient point de représenter la Corse comme agitée d’un bout à l’autre par l’esprit de révolte, prête à se lever au moindre signal en faveur des Anglais, en hostilité permanente contre l’Empire, appelant enfin de tous ses vœux le moment où elle aurait pu se séparer avec éclat de la mère patrie? On n’a point oublié, et l’on verra ailleurs, que le général Morand forgeait des conspirations imaginaires pour faire croire à la nécessité d’un pouvoir démesuré. Il a été dans la destinée de la Corse de subir, par intervalles, l’humiliation et toutes les duretés du régime exceptionnel. L’arbitraire a toujours été dans les tendances et les goûts des hauts fonctionnaires. Il importe à son bonheur, disent-ils, qu’on laisse ici plus de latitude de pouvoir que la constitution ne le permet ailleurs. Nous ne le pensons pas. La légalité ne gêne que les médiocrités ambitieuses. Plus on témoignera de la confiance aux Corses et plus il y aura de facilité à les gouverner. Ce qui arriva à Ghisoni en est une preuve de plus. Tous ceux que la crainte avait éloignés rentrèrent bientôt dans leurs demeures; les plus exaltés déposèrent les armes; les communes par où passait le général de Vaux ne laissaient plus entrevoir ni crainte, ni aversion; les communications et les rapports s’établirent de tous côtés; enfin le pays en général perdait son aspect hostile, pour se préparer à une réconciliation sincère et durable. Si, dans la suite, des mesures imprudentes et d’une rigueur excessive faillirent ranimer des haines à demi éteintes, on en connaît la cause, c’est que le ministère ne fut pas toujours aussi heureux dans le choix des hommes qu’il appela successivement à la haute administration de l’île.

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