Читать книгу Histoire de Pascal Paoli. La dernière guerre de l'indépendance (1755-1807) онлайн

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Parmi les mesures de sûreté générale, la plus essentielle, la plus urgente, celle qui, dans la pensée du nouveau gouverneur, devait ramener la sécurité dans toutes les communes et assurer des jours de bonheur à des populations agitées par la vengeance et décimées par le meurtre, était, on le devine, le désarmement en masse. Il fut ordonné sans délai et s’effectua avec une rigueur excessive. Cette mesure, on ne saurait trop le redire, est la panacée universelle de tous les administrateurs qui s’attaquent à l’instrument du mal et en laissent subsister la cause. Nous le demandons, n’est-ce pas prendre l’occasion pour le mobile; n’est-ce pas appliquer le remède avant de chercher le siège de l’affection morbide? Qu’on nous permette ici une petite digression.

Les malheurs du pays ne viennent point assurément de la détention, pas plus que du port des armes. Ce n’est pas que la possession actuelle d’un fusil, le port du pistolet, tranchons le mot, le maniement habituel des armes, n’amènent quelquefois à des rixes et à des collisions qui, dans l’absence d’un fer homicide, se fussent terminées sans effusion de sang. Sans doute, il serait à désirer, que l’on mît de côté cet appareil martial qui effraie souvent le voyageur, et personne ne le désire plus ardemment que nous. Au lieu de ces armes menaçantes, nous verrions volontiers entre leurs mains, la serpe et la cognée. Nous faisons des vœux pour que nos compatriotes emploient à cultiver leurs champs le temps qu’ils passent à soigner leurs armes. L’argent qu’ils dépensent dans l’achat du plomb et de la poudre pourrait recevoir une destination plus utile. Nous sommes les premiers à le reconnaitre. Mais il ne faut pas s’imaginer pour cela que le désarmement général soit la garantie la plus certaine de l’ordre et de la sûreté des personnes. Outre que cette mesure rencontrera toujours, dans son exécution, une foule de difficultés inévitables, elle n’exerce aucune influence décisive sur le caractère et les mœurs des habitants. Ce ne sont pas les armes, ce sont les passions violentes qu’il faut supprimer. Les gendarmes sont de mauvais civilisateurs. Désarmer le bras d’un Corse, ce n’est pas le rendre meilleur: on l’irrite, on ne le change point. La sécurité, quoiqu’on en dise, ne repose pas exclusivement sur l’activité et le zèle de la force armée. Quelques brigades de voltigeurs de plus ou de moins ne peuvent ni suspendre, ni accélérer la marche de la civilisation. C’est la direction des idées qu’il faut changer. Une réforme radicale dans les mœurs, dans les goûts, dans les tendances, rendra complètement inutile la suppression totale des armes, mesure, à notre avis, impraticable par sa nature, illégale dans son principe et nulle dans ses résultats.

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