Читать книгу La bonne mère онлайн

7 страница из 26

C’était une démarche inusitée. Avant de se rendre à cette injonction, elle se la lit répéter deux fois dans sa surprise. Mais elle faillit tomber de son haut, lorsqu’elle entendit son maître prononcer distinctement:

— Je compte sur vous, madame Richard, pour disposer ma fille à aller en pension.

Les jambes de la pauvre femme plièrent sous le poids de son émotion, en même temps qu’une paralysie semblait enchaîner sa langue. Cependant un sentiment instinctif, tendre et passionné, l’amour maternel, veillait en elle, et rappela promptement ses facultés. Cette enfant, dont on allait la priver presque sans la consulter, était sienne! Ne lui avait-elle pas consacré ses veilles, ses soins, sa vie, depuis qu’elle était au monde? N’avait-elle pas accumulé sur sa tête toute la tendresse que la mort et l’absence de ceux qu’elle avait aimés, aurait refoulée dans son cœur désert? D’ailleurs, qui était venu réclamer une part dans son dénouement? Qui avait bercé son Alice dans les nuits d’insomnie? Qui l’avait servie dans la maladie, protégée contre les terreurs de l’enfance, si cruelles pour les êtres d’une faible constitution? Rendue à elle-même par la succession rapide de ses pensées, madame Richard eut le courage de parler pour défendre un bien acquis aux dépens de sa propre existence.

Правообладателям