Читать книгу La bonne mère онлайн

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La tête de madame Richard se pencha sur sa poitrine, il se passait un violent combat dans son esprit. Son Alice méprisée dans la société, à cause de son ignorance, c’était affreux! Mais se séparer d’elle! quel sacrifice!

Une révolution s’opérait en même temps dans l’esprit de M. Montauban; il marchait à grands pas dans son cabinet, murmurant à demi voix des phrases incohérentes. Son agitation parut d’un heureux augure à madame Richard, qui crut devoir frapper de nouveaux coups pour fixer, selon ses vœux, les irrésolutions de cette âme vacillante.

— Monsieur, dit-elle d’une voix maintenant assurée, vous ne me demandez pas de conseils, et je n’ai pas la prétention de vous en donner, bien que dans mon opinion, une femme simple puisse quelquefois ouvrir un bon avis. Souffrez donc seulement que je vous dise ce que je pense au sujet de mon Alice. Ne croyez-vous pas qu’il vaudrait encore mieux pour elle de rester ignorante, par rapport aux autres femmes, que de devenir à tout jamais étrangère à son père? Et c’est là le danger qu’elle court si elle sort de la maison. Privée de vos caresses dans son enfance, de votre présence dans le second âge de la vie, quelle espèce de lien existera-t-il entre elle et vous, quand, plus que jamais, elle aura besoin d’un guide, d’un ami sûr, désintéressé ? L’ennui s’emparera d’elle, et vous croirez avoir rempli votre devoir en cédant vos droits à sa tendresse, au premier homme dont la fortune balancera celle de votre fille. Et le printemps de la pauvre orpheline aura passé sans joie et sans soleil.

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