Читать книгу Mademoiselle Figaro : indiscrétions d'une Parisienne онлайн
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–Malheureuse, s’écria-t-elle soudain, que veux-tu dire? es-tu folle? que s’est-il passé? Parle! parle! au nom du ciel! mais parle donc!
Clotilde avait saisi les mains de son amie et la regardait d’un œil hagard. Tout à coup, elle se radoucit. Ses larmes recommencèrent à couler.
–Va, reprit-elle, va; je comprends ta douleur, je te plains et te pardonne.
Pauline se leva, essuya ses yeux et baissa son voile.
–Adieu, Clotilde murmura-t-elle, en s’éloignant; adieu pour toujours.
Puis, d’un pas rapide, elle quitta la chambre et l’hôtel de Roncelay pour ne jamais y revenir.
V
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«Blidah, 184…
» Ta lettre, ma bien-aimée Pauline, m’a ravi. Tu languis après mon retour; tu souffres de ma longue absence.–Les témoignages toujours nouveaux de ton affection sont ma seule consolation, mon unique joie dans mon exil.
» Que te dirai-je donc, moi, condamné à cette vie d’abnégation dans un pays où, tous les jours, je m’expose à laisser mes os. J’ai demandé, ainsi que tu m’en as exprimé le désir, un congé. J’espère l’obtenir d’ici un mois et avoir le bonheur de te revoir dans six semaines. Six éternités! Mais aussi, quelle félicité de te retrouver, toi, ma femme adorée, ma belle Pauline. Notre petit Louis rêve-t-il toujours sabre et trompette? Je t’avouerai que, pour ma part, j’ai perdu bien des illusions depuis mon arrivée en Algérie. La vie militaire m’apparaît aujourd’hui dénuée du charme dont elle nous semblait parée, lorsqu’à l’Ecole de Saint-Cyr nous rêvions bivouac et bataille. Il est vrai qu’alors je n’avais pas une adorable petite femme à quitter, à sacrifier mon cœur d’époux pour le service de la patrie.